Club / Bateau Nautilus Explorer
Y aller Organisation directe avec le bateau.
Vol Sitka-Seatle-Londres-Paris 
Décalage -9h
Meilleure période de juin à août
Type de plongée Tombant, patates.
Points forts Lions de mer de steller, flore, paysages, icebergs
Points faibles Peu de faune, eau froide  (5.5°C minimum)
Autre fiche Colombie Britannique
Film / Photos oui / oui
Commentaires BMPP Commentaire du 11/12/08 : 

De Vancouver à Sitka 

Croisière hors du commun, ou plutôt « expédition » comme se plait à le souligner Mike, le capitaine du navire, ce voyage de plus de 1 500 km vers le nord depuis Vancouver (Colombie Britannique) jusqu’à Sitka (Alaska) est pour moi l’une des plus belles croisières-plongée que j’ai jamais fait, du même niveau que les Galapagos ou la Papouasie, mais très différent bien sûr. 

Le Bateau

Le Nautilus Explorer est le seul bateau à proposer cette croisière. Canadien, 33m de long, 8m de large, 6m de haut avec 2 sun decks. Bateau acier qualifié toutes les mers du monde, hormis les deux pôles. Extrêmement stable même en cas de mer formé. C’est le navire le plus confortable que j’ai jamais vu au niveau des espaces communs. Un salon principal avec 4 canapés, 1 grande TV écran plat, 1 mac et un pc à la disposition des passagers. Un tableau blanc pour le programme du jour, une bibliothèque de livres en anglais( principalement), romans et livres sur la faune et la flore. Une salle à manger pour accueillir les 20 passagers avec 3 tables. Un robinet multi-boissons et des biscuits offerts en permanence. Tous les alcools sont en vente. Sur les rebords des baies vitrées des deux salles, de nombreuses paires de jumelles sont disponibles. A l’arrière, sur le Dive Deck, la plus grande partie est occupée par le skiff de plongée. Deux grands espaces sur bâbord pour les photographes ou vidéastes. Un espace séparé pour la recharge des batteries, attention il n’y a que du 110V, le seul transformateur 110/220 est avec une prise anglaise. Deux douches chaudes. Serviettes à la sortie de chaque plongée. Sèche linge pour les sous-vêtements de plongée (la vie est faite de petits plaisirs, alors quand vous enfilez votre polaire bien sèche et encore chaude avant de se glisser dans l’étanche par une température externe quasi hivernale, hummmmm que c’est bon !!!! lol). Le 1er sous sol accueille 9 cabines avec un grand lit ou deux lits 1 personne, avec sdb et toilettes. Espaces de rangement corrects, mais pas démentiels non plus. Le premier sun deck comporte deux cabines plus confortables et surtout plus lumineuses, ainsi que le jacuzzi. Le sun deck supérieur accueille de nombreuses chaises longues, ainsi que les zodiacs et les kayaks. Un peu bruyant quand les systèmes de refroidissement des machines se mettent en marche. La cuisine est plutôt nord américaine, très copieuse. Un premier snack à 7h, un petit dej à 8h, le brunch à midi, un snack vers 17h, et le diner à 19h30. Tout est fait à la main, y compris le pain et les biscuits…Pas possible de maigrir, même avec 10 plongées par jour !! Equipage multitâches, puisque même les deux hôtesses canadiennes (dont une québécoise) participent aux manœuvres.

 Le skiff : en aluminium, long de 8m, il glisse sur une rampe pour venir occuper une grande partie du Dive Deck du Nautilus quand celui-ci navigue. Prévu pour tous les plongeurs, c’est l’équivalent du dhoni de plongée aux Maldives. Une fois gréé le premier jour, on ne touchera plus au matériel du séjour. 4 sorties pour mise à l’eau en saut droit, et deux échelles pour remonter, dont une perroquet très pratique. Nitrox payant, avec pourcentage à la demande (ex pour l’épave en profonde, on a plongé avec un nitrox 26). Un espace de rangement sous chaque plongeur pour le petit matériel. Le poste de pilotage se situe en hauteur (accessible par une échelle), ce qui permet de dégager de la place pour les plongeurs, et au pilote d’avoir une meilleure vue pour récupérer les plongeurs. Deux moteurs puissants pour accéder rapidement aux sites de plongée, et un moteur à propulsion pour éviter les accidents au moment de la récupération. Deux types de bouteille sont à disposition, alu 10/11L(gratuit), ou acier 12/13L ($34, versés à une fondation pour la préservation des sites). Anglais obligatoire. A part notre gentille québécoise, personne ne parle le français à bord. 

Y aller. 

Il faut savoir que la plupart des passagers avaient réservés leurs places depuis plus de 12 mois, voire certains depuis près de deux ans. C’est par chance que j’ai su qu’il y avait des annulations, étant en contact avec Mike depuis mars dernier et la croisière Revillagigedo. Il est très facile de réserver via le site. Paiement en CB. Comme cette croisière n’était pas franchement prévue dans mon timing, il a fallu trouver des vols faisant perdre le moins de temps possible. Vol par British Airways via Londres, direction Vancouver, et retour Alaska Airlines pour Seattle, puis Londres et Paris avec BA. 2 fois 23kg pour les vols internationaux BA, que du bonheur. B747 récent à l’aller, VOD, personnel souriant, bonne nourriture (si si !!), bref excellent service. Au retour, B777 avec vidéo, mais pas à la demande. Comme il s’agit d’une route très au nord, il faut penser à regarder dehors parfois, le survol de la banquise vaut le coup d’œil. Arrivée à Vancouver à l’heure, récupération des bagages, file d’attente pour le taxi, guidage et encouragement pour le chauffeur de taxi qui ne trouvais pas trop la localité où était le dock, et finalement, arrivée moins d’une heure avant l’heure prévue pour l’embarquement sur le Nautilus. Au retour, départ de Sitka sur Alaska Airlines. B737 neuf, personnel souriant, avion à moitié vide (en semaine). A Londres, nous sommes passés par le nouveau terminal. Pas de soucis avec les bagages (ouf…) mais l’organisation des flux de passagers laisse parfois songeur. Au retour, il nous a fallu près d’une heure entre la sortie du vol de Seattle et l’arrivée à la porte d’embarquement pour notre vol Paris, contre 20mn à l’aller. 

Les Plongées. 

Eau froide (8°c en Colombie, 5.5° au plus bas en Alaska), étanche recommandée. Sous mon étanche néoprène, j’avais réussi à enfourner un sous-vêtement de ski et une polaire. Le plus difficile a souvent été au niveau des mains. C’est étonnant toutefois de remarquer qu’en cas de plongée intéressante, j’avais tendance à oublier le froid. Visibilité excellente pour l’époque, c'est-à-dire jusqu’à 6/7m (parfois moins). Il m’a été confirmé qu’elle est meilleure en hiver, mais dans une eau plus froide et avec une météo moins clémente. Les sites sont atteints en skiff, à moins de 5mn ; parfois même, nous avons plongé depuis le Nautilus. La plupart des plongées se faisaient sur des tombants, à l’étal. Le respect du timing était primordial, car le courant dans ces passages peut être très violent, jusqu’à 11 noeuds. Sous l’eau, une vie pléthorique hors norme. Tout est plus grand dans cette région du Pacifique baignée par de nombreux courants enrichis en plancton : les étoiles de mer, les anémones, les nudibranches, etc. Les Metridium peuvent atteindre 1m de hauteur. On a plongé par exemple, sur un tombant de 150m de long et 30m de haut tapissé de milliers de petites anémones (d’environ 4cm de diamètre) blanches, puis orange, puis blanches à nouveau, pas de quoi poser un doigt sur la paroi tellement il y en avait. Sous le phare c’est une explosion de couleurs comme j’ai rarement vu. Vers Sitka, on est tombé sur un champ de gorgonocéphales, par plusieurs dizaines aux bas mot, ouverts malgré la lumière du jour. Côté faune, c’est un peu moins riche, mais on peut observer rock fish, red octopus, long cod, wolf eel et chimères (poisson normalement en grande profondeur). Les fins de plongées se faisaient généralement dans les champs de kelp. 

A destination exceptionnelle, plongées d’anthologie : nous avons eu la chance de pouvoir plonger avec les Lion de mer de Steller. Ce sont les plus grosses otaries que l’on puisse trouver, avec un poids moyen de 200/400kg pour une taille de 2 à 3m. Les plus gros peuvent atteindre 5m et 1 tonne. Surnommé « le grizzly des mers », il est très territorial. Au nord de notre périple, en bordure de Glacier Bay, nous sommes entrés sur leur territoire, d’abord en périphérie. C’est une rencontre très excitante, quand un Lion de Mer surgit, on le suit du regard, il fait quelques cabrioles et pouf, il va rejoindre les 10 autres qui caracolaient dans votre dos depuis 10 secondes !! Nous nous sommes ensuite rapprochés pour faire une plongée à quelques mètres de leur rocher. Après un briefing très détaillé, nous nous sommes positionnés à 10m de fond, dans une espèce de canyon, les uns à coté des autres, dans le kelp pour la plupart. En moins de 2 minutes les premiers Steller apparaissaient, bientôt suivis par plusieurs dizaines d’autres. Difficile de dire, compte tenu de la visibilité médiocre, combien d’animaux étaient présents, mais au vu de certaines prises de vue (je suis en train de finaliser le montage du film), il y en avait beaucoup ! Sur un léger panoramique, on peut en compter au bas mot dans mon champ de visions 10 ou 15, au premier plan ! Sachant que nous étions 20 plongeurs, faites la multiplication. Ils ont un comportement très différent des autres Otaries avec lesquels j’ai plongé, aux Galapagos par exemple. Ceux-ci viennent au contact pour renseignement, c’est certain. Ils mordillent les flashs, les objectifs, les palmes, et même les cagoules des plongeurs. Sur 2 scènes différentes, j’en ai vu deux déchirer une feuille de kelp : amusement, offrande, intimidation ? Sur une scène, un photographe un peu plus exposé que nous, se retrouve avec au bas mot une demi-douzaine de Steller sur lui, vu la taille des animaux, c’est franchement très impressionnant, à un moment il les a même repoussé avec son appareil. Cette plongée est limitée à 30mn, connaissant mal le comportement de cet animal, l’interaction plongeur/Steller, etc. D’ailleurs un nombre anormalement élevé de plongeurs se feront mordiller (« mouthing ») leur cagoule, d’où encore plus d’interrogations. Un moment exceptionnel de plongée en tout cas. Nous avons plongé sur une seule épave, le « Transpac » près de la ville fantôme de Butedale. C’est une épave assez originale, dans la mesure où elle est droite comme un « I », à 90°. En effet, ce bateau de pêche de 60m de long a été éperonné à sa poupe, et s’est dirigée alors vers le bord pour s’échouer. Compte tenu du lieu de l’impact, son arrière s’est enfoncé petit à petit, et le navire a coulé à quelques mètres du rivage, et est venu se coller à la paroi verticale. La chance a voulu, alors que le fond est de 300m environ, qu’une petite plate forme horizontale à 100m de profondeur stoppe la glissade du bateau vers le fond. Sa proue se situe à 40m, la poupe et l’hélice à 100m, et l’épave est collée à la paroi verticale. Après l’épave, une pente à 45° nous ramène vers le kelp dans la zone des 6m, et nous émergeons à quelques mètres du rivage, constitué d’une forêt de conifères et d’une jolie cascade qui se jette dans l’eau en bouillonnant… Pas de plongée de nuit, dans la mesure ou de toute façon, vu la clarté de l’eau, on a besoin du phare en dessous de 10m !. Et ensuite, pour les puristes, la nuit ne tombe vraiment que vers 23h jusqu’à 2 ou 3 heures du matin ! Alors moi, je préfère aller me coucher à cette heure là ! Pas de plongée non plus dans la vallée glacière. Les icebergs représentaient un trop grand risque pour les plongeurs, sans compter la profondeur (~300m). 

Sur Terre 

Ce qui rend aussi ce voyage exceptionnel, c’est d’une part la distance parcourue (au total plus de 1500km soit l’équivalent de Paris à Tunis), mais aussi et avant tout la beauté des paysages. Les voies empruntées sont des anciennes vallées creusées par les glaciers il y a quelques temps déjà. Certains passages sont fort étroits, à peine quelques dizaines de mètres de part et d’autre du navire (comme à Wrangle Narrows). Partout des forêts, des montagnes, de la neige, des cascades. Il n’est pas rare de voir des montagnes de plusieurs centaines de m de hauteur aux sommets enneigés avec quasiment les pieds au bord de l’eau. Nous avons aussi aperçu pas mal d’aigles, orques, grizzlys et beaucoup de baleines à bosse. Avant notre descente à terre pour la balade aux sources d’eau chaude, nous avons eu un long briefing sur le thème « que faire si on se trouve nez à nez avec un ours ». Pour info, il faut réagir de manière différente selon qu’il s’agit d’un black bear ou d’un grizzly. Comment les différencier ? Pas par la couleur, ils peuvent avoir la même. En fait il faut grimper à un arbre ; si l’ours grimpe derrière vous dans l’arbre, c’est un black bear, s’il fout l’arbre par terre, c’est un grizzly !!! lol Nous avons aussi remonté une vallée glacière, avec les premiers icebergs (en surface) de la taille d’un glaçon pouvant à peine refroidir un verre de pastis, certains autres plus hauts que le navire. Sachant que la partie émergée ne représente qu’1/8 de la taille de l’iceberg…Nous avons eu ensuite la possibilité de faire du kayak ou du pmt dans la rivière d’icebergs. Nous n’avons pas pu aller au contact du glacier lui-même, la rivière charriant trop de glace ; le « Nautilus » n’est pas renforcé comme un brise glace. Un moment unique. Côté météo, il y a une raison à avoir autant de verdure dans le coin : il pleut beaucoup !!!! Donc même en été, le temps habituel est couvert, brumeux avec crachin. Autant dire que nous avons été gâté par la grenouille météo, car nous avons eu de nombreux jours de soleils, ou de temps clair. 

Un voyage vraiment hors du commun et exceptionnel.

Conclusion : Destination rare et peu usuelle. Expédition hors du commun.