Renseignements divers
Bateau |
Odyssey
|
Y aller |
Koror / Guam / Chuuk |
Décalage |
-11h |
Meilleure période |
Toute l'année |
Type de plongée |
Epaves |
Points forts |
Epaves |
Points faibles |
Loin |
Autre fiche |
- |
Film / Photos |
oui / oui |
Commentaires BMPP du 12/04/02010
:
Ce voyage d’environ trois semaines
sera divisé en deux parties.
Ceci est le compte rendu de la deuxième partie de mon voyage en
Micronésie ; à Chuuk.
A Guam, vol Continental Airlines (qui a le monopole des vols intérieurs
en Micronésie), en B737 neufs, avec pour repas, une sorte de sandwich
bourré de jambon et de fromage fondu bien gras. Tous les vols font du «
island hopping », c'est-à-dire que l’avion s’arrêtera dans toutes les
iles intermédiaires, un peu comme un omnibus. Ainsi, le vol Koror-Guam
a été en fait un vol Koro-Yap-Guam.
Une petite anecdote en passant : quand vous restez dans l’avion à
l’escale, il y a une fouille de sécurité dans l’appareil. Cela s’opère
en faisant débarquer les passagers assis sur la droite de l’appareil
(rangées A-B-C) avec leurs bagages cabine, puis l’équipe fouille les
places. Ensuite, les passagers des autres rangées changent de côté avec
leurs bagages, et l’équipe de sécurité s’empresse de fouiller derechef
les places et compartiments bagages dégagés. C’est un moyen convivial
et joyeux de passer le temps pendant l’escale, et surtout d’éviter de
prendre le risque de s’endormir, vu que les vols partent tard, et donc
que les escales sont vers les 2 ou 3h du matin.
Là pour le coup, le vol partait de Guam à Pohnpei via Chuuk à 19h, donc
pas d’escale matinale, dommage, ça m’a manqué !
Mettons les choses au point : si à Koror ou Guam, vous annoncez que
vous allez à Truk (que l’on prononce « treuk » ou bien « truc »), on
vous regardera d’un air bizarre en secouant la tête d’incompréhension.
Cela fait longtemps que le pays a repris son nom d’origine, Chuuk (qui
se prononce… « tchouc », bravo, j’en vois 1 qui suit !). Chuuk est
composé de 11 iles principales, le tout entouré d’une barrière récifale
de 225km de long.
Pourquoi aller aussi loin ?
Un peu d’histoire
Annexé au lendemain de la 1ère guerre mondiale par le Japon, le lagon
de Chuuk était devenu au fil du temps la base arrière de la marine
nippone, l’équivalent de Pearl Harbor pour les Ricains. Ils avaient eu
le temps d’y installer plusieurs pistes, 350 avions, et tout un système
de logistique pour leur flotte de guerre.
A la veille de la poussée US vers le Japon, une attaque de grande
envergure par une task-force ne comptant pas moins de 9 porte-avions
ainsi qu’une flotte de surface avec 7 bâtiments lourds fut programmée
le 17 et 18 février 1944. Le but était de surprendre une partie
important de la flotte de guerre japonaise, ainsi que d’enrayer leur
chaîne de ravitaillement.
Malheureusement (en tout cas pour nous les plongeurs), l’Amiral
commandant la flotte nippone avait anticipé l’attaque (avec en plus
l’un des deux PBY américains de reconnaissance repéré deux jours avant
l’assaut), et avait ordonné l’évacuation en toute hâte de tous les
navires de guerre, comprenant porte-avions, super-cuirassé Yamato,
croiseurs lourds, etc.
Les cargos n’eurent pas cette chance. Ils restèrent ancrés et subirent
tout le poids de l’attaque. Au total, plus de 250 avions, et près de 60
navires furent détruits, sans compter les installations terrestres.
Après cet assaut, Truk fut simplement contourné par les forces
américaines et les troupes livrées à la famine jusqu’à la reddition du
Japon en 1945.
Soyons clairs : dans le lagon, il n’y a que deux bâtiments de guerre,
un destroyer ayant eu des avaries de machine, et un sous-marin qui
oublia selon toute vraisemblance de fermer une soupape, et coula tout
seul comme un grand par 30m de fond.
Des croiseurs légers et des destroyers furent effectivement surpris par
la flotte de surface US et coulés, mais en dehors du lagon, et leurs
épaves n’ont jamais été localisées, sans doute gisent-elles par grande
profondeur (>500m).
Tous les navires sur lesquels j’ai plongé sont donc des navires «
civils » réquisitionnés, armés pour la guerre (Canon AA, mitrailleuses,
Canon), et destinés au ravitaillement de l’effort de guerre japonais
dans le Pacifique.
C’est Cousteau qui a redécouvert les épaves en 1969. Elles retombèrent
dans l’anonymat après le film qu’il en fit, puis elles furent tirées de
l’oubli définitivement 10 ans plus tard grâce à un habitant de Chuuk,
qui à 17 ans fut témoin de l’attaque, aida de mémoire Cousteau à
localiser les épaves, et finalement dans les années 80, développa la
plongée à Chuuk.
Selon Dan Bailey, auteur de la « bible » sur la plongée dans le lagon,
il a été recensé un peu plus de 50 épaves de navires (entre 53 et 56)
et 6 avions. A part des navires de petite taille, d’autres découvertes
sont désormais à exclure. S’il y aussi peu d’aéronefs, c’est que la
quasi-totalité a été détruite, soit au sol, soit en vol et ont donc été
désintégrés.
Y plonger
Il y a deux façon de plonger à Chuuk : à partir des resorts ou en
croisière. Je ne conseille pas trop les resorts. Il y a sinon deux
bateaux en permanence : le Thorfinn et l’Odyssey.
Au delà de l’aspect confort, les deux différences essentielles entre
les deux navires sont que le Thorfinn permet l’extension de son séjour
de base - d’une semaine -, à la carte (deux, trois jours ou plus) ; et
le Thorfinn reste ancré grosso modo au même endroit toute la semaine,
et emmène les plongeurs en zodiac. L’Odyssey, lui, s’ancre au dessus
des épaves. N’ayant pas pris le Thorfinn, ces points sont à vérifier,
mais j’en suis assez sur. Et le Thorfinn est moins cher.
L’Odyssey.
Navire de 38m de long très confortable au nivaux des espaces communs.
-A l’arrière du bateau, un large espace plongeurs ou tiennent les 16
(max) plongeurs plus les 5 guides. Une fois le matos grée, il ne bouge
plus de la semaine. Tout est possible : étrier, Din, 12L ou 15L aciers,
bi, mélanges (de base, un nitrox 30% ; pour les profondes, le mélange
est composé au niveau souhaité ; pour les bouteilles de décompression,
l’O2 est payant). Un coffre sous chaque plongeur pour son petit
matériel, et une large table pour tout ce qui est matos photo, avec un
système d’air sous pression pour enlever les gouttelettes
récalcitrantes.
-Au même niveau, un salon TV/Vidéo/ Boutique/Chargeurs.
-Sur le Deck supérieur, plateforme arrière avec chaises longues pour le
repos du guerrier, et vaste salle à manger/briefing/bar gratuit (y
compris alcool) dans une salle (trop) climatisée.
Les chambres sont situées sur le main deck et le deck inférieur.
J’étais dans la cabine 5 : 2 lits, vaste, avec écran plat et lecteur
dvd, climatisée, avec douche et wc. Toutes les cabines ne sont pas
identiques, la 9 a deux lits superposés, et les cabines 1 et 2 sont en
single, et plus petites. Le seul bémol a été la climatisation des
chambres, qui est extrêmement bruyante quand elle se déclenche la nuit.
Elle fait beaucoup plus de bruit que les moteurs du bateau (!).
Anglais obligatoire.
Les Plongées
Comme je le disais plus haut, l’Odyssey va s’attacher à des corps
morts, juste au dessus des épaves. Une heure de départ pour l’épave
suivante nous est indiquée (lors du briefing). Après quoi, chacun fait
comme il veut. On peut plonger seul, une fois, trois fois, demander un
guide (pas plus de 3 plongeurs par guide), le tout étant simplement de
remonter, et à temps. On s’équipe, on descend sur la plateforme
arrière, on repère le bidon relié à l’épave par un bout, on saute et on
descend !! Il y a du vent à Chuuk, donc l’Odyssey a tendance à beaucoup
bouger autour de son mouillage. Pour le retour, une barre horizontale
(plus un bloc de secours), relié au bateau par deux barres fixes
verticales, est à la disposition des plongeurs pour le stop à -5m.
Avec Philippe, l’autre français rencontré sur le bateau, nous avons
plongé en binôme, et dès que possible, avec un guide. Il y a trois
guides originaires de Chuuk, et deux américains, dont un filmait les
plongées. Ils connaissent parfaitement les épaves, et quand il s’agit
de pénétrer dans les épaves, je ne m’y serais pas risqué sans eux. Non
seulement ils nous montrent les artefacts intéressants dont la présence
a été signalée lors du briefing (mais bon, un petit gribouillis sur un
tableau blanc c’est une chose, une épave de 150m de long à -30m, c’en
est une autre !), mais ils nous emmènent dans les entrailles des
navires, souvent pour aller visiter les salles des machines et les
ateliers annexes. Par exemple, sur le Heian Maru, nous sommes entrés
par le trou fait par une torpille dans la coque, et dans un
enchevêtrement de tôles, puis un dédale de coursives, nous avons
rejoint la salle des machines, puis le pont…en sachant que la navire
est couché sur le flanc.
Précaution de base, avoir des oreilles en bon état. Les variations de
profondeur sont très fréquentes, surtout en exploration intérieure. Eau
à 28-29°, très peu de courant, visibilité variable. Un bon phare est
chaudement recommandé, demandez à mon binôme comment ça fait de plonger
dans une épave avec une lampe défaillante !
J’indiquerais à la fin de ce CR les caractéristiques des épaves
plongées. Vu le bon niveau technique des clients de la semaine, trois
profondes ont été proposées (au lieu d’une habituellement, le San
Francisco Maru). Il s’agit en tout cas de bateaux reposant sur un fonds
de 60m à 70m. Il y a de quoi se faire plaisir en restant dans la zone
des 50m avec un N24, ce qui permet 15mn au fond sans avoir trop de
paliers.
Sinon, comme il s’agit pour la plupart de grosses unités, il est
possible de se faire 3 à 4 plongées par jour en limitant la profondeur
et sans accumuler des paliers monstrueux. Par exemple, j’ai pu faire
68mn, 49mn et 44mn sur le Shinkoku Maru (mon coup de cœur et le site de
ma 1000ème plongée ;-) ), sans compter la plongée du matin sur le
destroyer Fimotzuki.
Pourquoi y aller ?
Je vois d’ici les amateurs d’épave commencer à regarder frénétiquement
leur livret A pour savoir les sommes versées depuis son ouverture à
chaque anniversaire par Tata Josette peuvent leur payer la traversée
jusqu’à Chuuk, mais les mêmes amateurs vont également me dénoncer à
l’hôpital psychiatrique le plus proche que je dirais que je ne suis pas
un grand fanatique d’épaves. J’aime bien me faire de belles tôles,
comme l’Umbria, le Rubis par exemple, mais sans plus.
Le coin m’avait été recommandé par une plongeuse rencontrée aux
Galapagos, qui elle pour le coup n’est pas du tout amateur d’épaves.
Car Chuuk n’est pas un endroit comme les autres.
Comme mentionné plus haut, il y a plus de 50 épaves, et si certaines
ont connu une fin très brutale (toute la partie avant du Aikoku Maru
s’est volatilisée quand la bombe a touché la soute à munitions et n’a
jamais été retrouvée – soit la moitié d’un bateau de 140m de long et 10
000 tonneaux) elles sont pour la plupart en excellent état, même si le
temps commence à faire son œuvre. Ce qui évidemment remarquable est
d’une part la présence de nombreux artéfacts, comme des tasses en
porcelaine, des assiettes, des bouteilles, un catalogue en papier (La
Re-Douthe ?),des disques,des coffres,etc. et bien sûr tout ce qui
concerne du matériel de guerre, mines, obus, torpilles, canons, avions,
chars, etc.. D’autre part la taille des bestiaux, car les 14 navires
sur lesquels j’ai plongé font tous entre 100m et 150m de long. D’où la
possibilité sur un certain nombre, de pénétration et de plonger dans le
passé, dans tous les sens du terme. Même sans être un grand amateur,
certaines plongées étant émouvantes et/ou envoutantes. Je confirme
également la présence d’ossements sur certains navires.
En dernier lieu, mais pour moi le plus important, certaines épaves sont
devenues des récifs artificiels de toute beauté, devenant non pas une
belle épave, mais tout simplement un grand site de plongée. J’ai déjà
parlé du Shinkoku Maru, il y aussi le Fujikawa Maru et le Unkai Maru.
Une flore absolument incroyable, une vie marine pléthorique, des
couleurs fabuleuses, des concressions telles que, par exemple, je suis
passé plusieurs fois à côté du canon du Shinkoku Maru sans en
reconnaître la forme. Il y a du barracuda, de la tortue, du thon, du
requin, de la raie aigle, et même de la Manta.
Au rythme de 4 plongées par jour, la semaine passe vite ! La dernière
plongée a lieu le vendredi après midi, le navire regagne son mouillage
au « Blue Lagoon resort » en fin de journée, et les passagers sont
débarqués le samedi matin. Comme le vol pour Guam n’est que le soir
à…2h du matin, nous avons tous loué une chambre en day use au resort.
Hôtel correct mais sans plus. Je déconseille absolument le repas du
midi, mais il s’améliore le soir. Comme il a fait mauvais ce dernier
jour (ben oui encore !), je n’ai pas pu quitter ma chambre ; sinon, il
est possible de louer des scooters pour pas cher et d’aller visiter
l’ile (Moen).
Voilà, le voyage s’achève ; enregistrement à l’aéroport (avec fouille
manuelle de tous les bagages au cas où certains crétins auraient
décidés de ramener des souvenirs qui rouilleront dans leur garage) ;
retour vers Guam ( ou il faisait pas beau), journée au Santa Fe Hôtel,
puis vol vers Manille.
Pour y passer la nuit, j’avais choisi le Manila Airport Hotel. Le gros
avantage, c’est qu’il est à 150m de l’aéroport. En sortant de la
douane, il faut aller suivre le panneau « hôtel lounges » de l’autre
côté de la rue, et là, ils appelleront la navette de l’hôtel. Elle
mettra 10mn à venir pour un trajet de 90 secondes environ ! Mais bon,
le personnel est charmant, même si l’organisation est bancale ! Rien à
visiter dans le coin, mais un petit drugstore en bas pour acheter à
boire ou à grignoter. Il faut des pesos, ou alors changer des $ ou des
€.
J’ai payé 700 pesos de plus pour un late checkout (15h) le lendemain,
puis navette pour l’aéroport et 1mn après, enregistrement pour Hong
Kong et Paris (…et payer les 16.50$ au contrôle passeport).
Donc pas de vidéo HD de mon voyage, mais j’ai ramené le DVD fait par
Kim sur le bateau. J’ai déjà monté et mis en ligne sur
www.manta-passion.com un « best of » de cette croisière. Je mettrais
plus tard l’intégralité du dvd. Il y a également des photos prises par
Philippe mon binôme, et peut être d’autres photos obtenues d’autres
plongeurs. Cela donnera une petite idée de la richesse des plongées..
Epaves plongées
(nom – longueur – profondeur max – intérêt de 1 à 4 *)
Kiyosumi Maru – 136m – 31m- **
Yamagiri Maru – 131 – 34m - **
Fumitsuki – 96m – 38m - ***
Shinkoku Maru – 150m – 38m - ****
Unkai Maru – 100m – 40m - ****
Rio de Janeiro Maru – 138m – 35m - ***
Sankisan Maru – 111m – 26m - **
Fujikawa Maru – 131m – 34m -****
Aikoku Maru – 149m – 64m - ***
Yubae Maru – 91m – 37m - **
Heian Maru – 155m – 36m - ***
San Francisco Maru – 116m – 63m - ****
Kensho Maru – 115m – 40m - **
Conclusion : Navire
très confortable, plongées hors normes.