Décembre 2002
Cela fait 10 jours que je suis arrivé en Polynésie, et mon 3ème
à Rangi. Le temps s'est fortement couvert ce matin, il fait gris, suite
à un cyclone sur les Fidji. Mais la température de l'eau reste stable,
et nous allons enfin plonger sur la Marche.
Il y a le patron du
club, deux moniteurs, une photographe et une vidéaste, plus moi. Mise à
l'eau, stabilisation à 20 m puis palmage vers la Dalle.
Arrivé
vers les 50m, le spectacle est à nouveau fantastique : outre les petite
bécunes, chirurgiens et autres, des centaines de gris virevoltent dans
tout les sens. Je n'en ai jamais vu autant. L'un des moniteurs estimera
qu'on était sans doute proche des 400. Nous sommes proches du fonds
vers 50/55m, ils sont tout autour de nous. Nous commençons à remonter
progressivement vers l'intérieur de la passe. Glapissement étouffé : un
raie aigle apparaît puis disparaît lentement. Il faut dire qu'à Rangi,
il n'est pas rare de voir des raies léopards frôlant les
1.60m-2.00 m d'envergure. Puis re-glapissement : le seigneur des
passes vient d'apparaître, un Grand Marteau. Belle bête, plus de trois
m de long, costaud, gracieux. Il est rare de voir une raie et un
marteau aussi près l'un de l'autre, sachant que souvent l'une est le
casse-croûte de l'autre.
Mais ce n'est pas tout : re-hurlement,
car un deuxième marteau vient d'apparaître. Comme il vient de la gauche
vers la droite, je palme en déflection vers la droite, si bien que je
me situe à moins de 2 m de l'animal quand il passe. Les paliers
défilent, la remontée dans la passe continue. Arrivé à 30m, modeste
hurlement : à 40m, sur le fonds, une magnifique manta (>3.50),
immobile, se laissant porter par un léger courant, majestueuse. La
patron du club n'hésite pas : il s'approche doucement, et passe à
quelques cm au dessus de l'animal, en douceur, sans l'effrayer, caméra
au poing : quel moment ! Quand nous émergeons, le temps est toujours
gris, mais par Neptune, quels souvenirs !!!
Le lendemain
C'est la catastrophe, le gris s'est transformé en trombes d'eau, cela
fait 50 ans que les habitants n'ont pas vu ça, il pleut sans
discontinuer. Les îles sous la pluie perdent vite de leur charme ! Le
lagon est tellement plein qu'il n'y a quasiment plus de rentrant. J'ai
plongé le matin, et je décide replonger l'am. Je suis le seul client
avec le moniteur, quasiment le seul bateau dans la passe, il y a un
très faible rentrant, il recommence à pleuvoir alors que nous arrivons
sur le site, il y a du vent, mon moniteur grelotte, le marin est
recroquevillé dans son ciré, bref un petit goût de Bretagne !
Mise
à l'eau, direction la Dalle aux marteaux. Et à 50m de profondeur, je
vais faire la plongée la plus étrange de ma vie : visibilité
fantomatique, passe désertée par les animaux et les plongeurs, je vais
courir sus au grand marteau. Et j'en verrai trois en moins de 10mn. Et
une manta. Et un poisson-pilote qui va se coller sur la bouteille de
mon moniteur et que l'on transportera jusqu'à l'Aquarium. Pour
ressortir dans la pluie et le vent. Mais quelle plongée à la fois
étrange et incroyable !
Durant ces deux séjours et les nombreuses plongées en
Polynésie, il y a eu quasiment à chaque fois son lot d'extraordinaires
rencontres sous-marines, les bans incroyables de perches pagaie ou de
gros yeux, les albimarginatus, les citrons, les dauphins, les mantas,
etc.. Pas possible de tout raconter, bien sur, mais tout ça me donne
envie d'y retourner…