Il y a quelques années, je me suis rendu à Hurghada. J’avais deux
semaines de vacances, avec croisière sud sur un premier bateau, puis
enchaînement sur la croisière Nord, avec un autre.
J’embarque donc sur un navire superbe, dirigé par un moniteur
de plongée italien. Parmi les passagers, il y a une forte proportion
d’italiens et d’italiennes (une douzaine), un couple de belge (jamais
rencontré des gens aussi chieurs), deux allemands sympas (niveau 1,
avec moins de 10 plongées en mer), et un suisse, niveau 2 comme moi,
super cool et réchauffé (plongées en shorty), qui sera mon binôme (ouf
!).
Départ vers le sud, ambiance sympa avec les italiens (quoique
au bout de la 30ème écoute de « Mambo » de Lou Bega, on commence à
connaître !). Au bout de 2/3 jours, arrivée sur Elphinstone. Rocher à
fleur d’eau en pleine mer, c’est une des plus belles plongées de Mer
Rouge, mais aussi parfois difficile : le courant peut être fort, la mer
agitée et il y a du fonds. Les italiens plongent en groupe, ils
s’autoencadrent.
Le moniteur, Mario, me propose ainsi qu’à mon
binôme et aux belges, de se faire, près de l’une des pointes du récif,
un petit tour dans une grotte à 48m. Ben pourquoi pas ? Une petite
profonde, ça ne se refuse pas, ce serait pas poli ! Tout le monde se
prépare. Le largage se fera de la plateforme arrière du bateau, ce
dernier avançant et larguant les plongeurs les uns après le autres (pas
possible de s’ancrer). Les italiens, puis Mario encadrant les 2
allemands n1, moi et le suisse, puis les belges.
La plongée commence, de mémoire sans trop de courant, sur l’un
des côtés près de la pointe avec le plateau, de mémoire. Vers 35m, je
vois le moniteur se ramener seul vers moi, et me proposer de le suivre.
Je sais pas trop ce que sont devenus les belges, mais bon, comme on a
tendance à les ignorer sur le bateau, on les ignore aussi sous l’eau.
Je le suis avec mon petit suisse, et on visite la grotte, pas d’un
intérêt flagrant, mais bon. Je mets le bras par terre histoire d’avoir
la profondeur max, pas possible de creuser, dommage (j’étais jeune à
l’époque !). On ressort et chacun continue sa plongée. Fin de plongée.
On
prend le petit déjeuner, et Mario nous annonce une deuxième plongée,
avec grosso modo moins de 90mn d’intervalle. Il propose de se faire un
passage sous l’Arche, qui est bien connue à Elphinstone. Le sommet est
vers 52m, et le sarcophage sur le sol est vers les 60m.. Réflexion
intense et concentration de Bibi, qui se dit que c’est quand même un
tantinet exagéré de se taper une 50, concertation avec mon Helvète, et
nous refusons. Sécurité über alles. Super, je suis un grand garçon, je
prend mes responsabilités, moi 2 étoiles, tout fier.
Inutile
de dire que les italiens ont tous plongé comme un seul homme – ou
presque - sur l’Arche. Tous de bons plongeurs d’ailleurs. Je me
souviens qu’une fois, sur Elphinstone d’ailleurs, quelques bulleurs et
bulleuses observaient la paroi, dans la zone des 10 m, quand j’ai vu
apparaître un énorme murène javanaise, comme on peut en trouver en
Egypte (2m de long, tête de 20/30 cm de large). Elle s’est rapprochée
de la plongeuse le plus sur la droite, et lui a touché le bras, l’air
de dire « scusi mademoiselle, mais vous me bloquez la porte de mon
appartement alors si vous pourriez vous poussez que je retourne chez
moi siouplait encore merci d’avance ». Je sais pas pour vous, mais voir
un gros bestiau comme ça à 15 cm de son masque, c’est soit la crise
cardiaque, soit le rétropédalage supersonique en moins de 2 secondes
(en tout cas à l’époque !).
Mais la fille, rien, super calme « mais je vous en prie, passez donc », et hop la murène a rejoint son trou.
Le
soir, je discute avec les allemands, apparemment hilares et tout
contents. En effet, ils avaient fait leur première profonde,. Encadré
par Mario, ils l’avaient suivi depuis le début. Mais en plus, arrivé à
35m, le moniteur leur a fait signe « vous restez là, pas bouger, bien
sage » et hop il nous rejoint pour faire la grotte. Certes, les
conditions étaient bonnes, mais le fonds frôle parfois les 80m.
Première plongée de nuit (2 ou 3 prévues dans la semaine). Les
allemands informent Mario qu’ils n’ont pas de lampes. Ah ! Pas de
problèmes ! Le moniteur leur donne sa torche (une pour deux c’est
suffisant !) et hop, allez-y les teutons, vous êtes assez grands pour y
aller tout seul !
J’ai une spécialité la nuit, c’est de
perdre mon binôme. Ca n’a pas raté lors de la troisième plongée. Alors
que les deux autres étaient inintéressantes, celle là était géniale :
tous les poissons en train de faire le fête , et de nuit on peut
approcher les animaux de très près, théoriquement les caresser (mais je
fait plus, promis juré !) Mais un petit diodon, c’est tellement
craquant !!. Alors vous seriez remonté après avoir perdu le groupe ?
Ben moi, n2, sérieux, responsable etc (cf plus haut), j’ai continué
seul bien sur…
A la fin, j’émerge à quelques dizaines de
mètres de bateau. Il fait doux, la mer est chaude, le ciel est
magnifiquement étoilé, on n’entend pas le chant des grillons (en pleine
mer ils risqueraient de boire la tasse !!), mais on se dit que la
paradis, ça doit ressembler à ça…