Marseille
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12 septembre après-midi.

 La mer est belle, un peu agitée.
 
Nous sommes deux palanquées de bulleurs, Moana et moi-même, BdR et Jérôme. Ce dernier connaissant parfaitement le site, se propose de nous guider. Nous arrivons sur Les Farillons. Mise à l’eau 1, 2 et 3 plongeurs. Il manque notre guide. Mais que se passe-t-il ?

Il faut savoir que notre ami a décidé de tester un nouveau système de largage de parachute, en reliant à la poignée de ce dernier un dévidoir. Cet engin diabolique se présente sous la forme d’une grosse bobine avec manivelle, frein à tambour, placage or massif, radio FM, GPS, bref le nec plus ultra. Il dispose d’une longueur de fil de 80m, ce qui permet de faire ses paliers sans aucun problème quand on remonte d’une exploration sur le« Titanic » ou le « Bismarck ».

Les premiers essais en milieu artificiel (bac de rinçage du club) n’avaient pas été d’une efficacité exemplaire, suite aux conseils d’un ami – parfois on a du mal à différencier ses amis de ses ennemis !!. Je dirais en fait, que la persévérance dont a fait preuve notre Jérome pour faire sécher et rembobiner manuellement les 80m de fil ont été admirés, commentés et photographiés par les bulleurs – et bulleuses.

Retour à la plongée.

 J. se prépare à mettre son bloc. Premier coup du sort, la corde du parachute (cette dernière couleur jaune/orange vif, 1.80m * 0.15m, d’une forme sympathique, surnommé « Fend-la-mer » ou « Fend-les-Flots ») décide de reprendre sa liberté de mouvement. Il n’avait pas supporté d’être remplacé par le dévidoir ? Bref, d’un geste excédé, notre guide déclipe le dévidoir, et remet en vrac le parachute dans une poche, finit de s’équiper, se met à l’eau, et nous commençons la plongée.

Là je dois dire qu’il a mérité 3* au guide Fédé pour sa visite guidée, avec des tombants somptueux, des tas de poissons (Sars, Dorades, Rascasses), une visite au « Liban », des passages dans des arches, des jeux de lumière, bref l’étoile de notre berger brillait au firmament de la voie lactée des guides de palanquée.

Arriva la fin de plongée.

 Je jetais un coup d’œil sur notre plongeur posé sur un fonds de 8m environ. Le grand moment était venu, The Big Test. Il avait décidé de faire prendre l’air, enfin l’eau, à son parachute. Derrière Jérome, la corde rouge vif de 10m flottait joyeusement et formait des arabesques gracieuses et colorées. Il attacha le dévidoir au parachute. Tout était prêt.

 Il approcha le détendeur fusant, telle une gueule de volcan crachant sa lave en fusion liquide, de la gueule béante du parachute. Ce dernier repris rapidement forme verticale. Telle une fusée s’arrachant de l’attraction terrestre à Cap Canavéral, « Fend-les-flots » entourée d’écume et de bulles d’air, jaillit et se précipita vers la surface. Entrant immédiatement en action, le dévidoir commença à se dévider. Sur 1.5 mètre. « Huston, on a un problème !! »
 
Et il se bloqua.
 
Autant dire que les 53 kg tout mouillé de notre ami, confronté à la furie d’un parachute en remontée directe ne fait pas plus le poids que si une Twingo essayait d’arrêter un TGV. S’ensuivit une séparation, pas forcément programmée, mais nécessaire, au bout de 2m !! Situé légèrement plus haut, je vis passer à quelques mètres de moi « Fend –la-Mer », puis le dévidoir, la corde, et le plomb situé en fin de corde afin de lester la-dite corde.

Puis qques instant plus tard, un plongeur dépité bien résolu à ramener le fugitif, mort ou vif. Le plus dur, pour nous autres bulleurs, a été de tenter d’essuyer les larmes qui coulaient dans le masque tellement nous étions gondolés de rire. D’autant qu’à chaque fois que je me calmais, regarder dans les yeux les autres bulleuses me faisait repartir de plus belle ! Parvenus en surface, nous constatâmes que le parachute avait perdu de sa superbe, et que le peu de fil sorti du dévidoir avait apparemment repris place sur la bobine. Quelle efficacité !!

En tout cas, merci à toi Jérome pour une magnifique plongée, mais aussi pour une place en finale avec Mangue dans la catégorie « Gondolage de Parachute ».